Ah elles m'avaient pas prévenu les dames de l'inscription à la fac! Je m'en rapelle encore, toute fraîche sortie du bac et du lycée, à prendre un ticket comme à la CAF, à chercher le bon bureau correspondant à mon département, à attendre... Avant de m'apercevoir que le ticket... tout le monde s'en fout!
Ah, ben ça, si elles m'avaient dit les dames de l'inscription, ce que c'était la recherche bibliographique, ben j'sais pas si j'aurai signé!
Tout a commencé en Maîtrise... Parce qu'il faut être honnête, jusqu'en licence, la "biblio" (que voulez-vous à force de la cotoyer, on devient intime, faut bien lui donner un petit nom), c'est certainement pas le marathon, même pas un entraînement et tout juste un échauffement...!
C'est donc en maîtrise que la biblio est tombée sur moi comme ça, sans prévenir. Par l'entremise de mon directeur scientifique. Il m'a dit:
- Tiens, Padawan, sur ces articles, jette déjà un coup d'oeil! Que la Force soit avec Toi.
- Oui, maître Yoda...
Innocente que j'étais. J'étais même contente, c'est pour dire! Et là, l'engrenage a commencé. Je ne pouvais décemment pas m'arrêter là. Parce qu'à la fin des articles, et ben y en avait d'autres! Encore d'autres références!
Bon, il me fallait donc de l'esprit d'initiative. Car cette fois, pas de directeur scientifique pour me donner ma nouvelle dose. Après tout, un Archéologue, c'est un peu un détective. Donc, réflexion intense:
- Il me faut de la lecture. Soit. Où trouver des livres sur la Préhistoire? A la Bibliothèque de... Préhistoire! Décidément, je suis trop forte.
Bien, je ne connais pas cette nouvelle bibliothèque. Il me faut donc dompter l'ordinateur, comprendre le fonctionement de la base de donnée, et intégrer le système de référencement des ouvrages, puis... Ah, non, il faut d'abord trouver un ordinateur de libre, ou, à défaut, le fichier papier planqué sous une pile de bouquins.
A y est, j'ai mes petites notes. Je me précipite vers les rayons, mais oh, non ça vas pas être possible. Y a déjà quelqu'un, mais dans un autre rayon. Et alors me direz-vous? Ben, on peut pas être à deux, dans deux rayons différents, sous risque de mort brutale par écrasement. Si, si, si je vous jure, d'ailleurs tous les Thésards de ce labo ont tous failli assassiné et être assassiné au moins une fois. Car oui, nous avons des étagères mobiles! Vous savez ces rayonnages métalliques, collés les uns contre les autres pour gagner de la place, où il faut tourner le petit volant pour les voir s'écarter.
Bref, le sésame magique s'ouvre, je prends les documents, et là, ça recommence, rebelotte, d'autres petites réfèrences... Ca y est. C'est trop tard. Ca ne s'arrête plus...
Quelques années plus tard, une fois en thèse, un autre problème se pose. Que faire quand on a plus de 500 documents, non triés, non référencés sur fiche ou sur ordi? Ben on classe, on archive, on référence...
Et encore de nouvelles pistes biblio... Mais ça ne s'arrêtera donc jamais? Quand c'est que je vais finir ma thèse, saperlipopette? C'est pas tout ça, mais j'ai des données à analyser moi!
Non mais je vous jure, même les Dieux grecs, y z'y avaient pas pensé pour les punitions au Tartare (non, c'est pas le même...). Moi, je vous le dis, Sisyphe et son rocher, le supplice de Tantale, c'est que dalle à côté!
Ouais. D'ailleurs, je me dis, je pense à un truc comme ça... L'incendie de la bibliothèque d'Alexandrie... Hum, c'est p'têtre pas un coup des Romains... Nan! C'étaient des thésards qu'en pouvaient plus! (Mais uniquement des Thésards, parce qu'y z'allaient pas apprendre à lire aux femmes tout de même!). Farpaitement, mesdames et messieurs! Jusque là des rouleaux de papyrus!
Non, franchement, si on m'avait dit...!