A la demande générale, la voici, la voilà, la très attendue :
2ème PARTIE
Journée ordinaire sur un chantier de fouilles ordinaire (ou presque) - Début de chantier -
Moi, j'aime pas le matin.
A peu près tous ceux qui ont le grand honneur de me connaître, savent que je ne suis pas du matin (bien qu'il arrive à certaines personnes que je ne citerai pas de m'envoyer des textos à des heures particulièrement indécentes...). Eh bien, en fouilles, c'est pareil. Si, si, si.
C'est donc par une chorale de réveils dans la chambre des filles que la journée commence (ça c'est pour rassurer ma maman qui était très inquiète de savoir que j'allais peut-être dormir dans une pièce où il y avait des garçons. Si, je vous assure, elle sait que j'ai 25 ans). Enfin, plus exactement, par un canon de réveils, sonnant tous à 15 secondes ou 10 minutes d'intervalles. Le bonheur en somme.
Pour me mettre tout de suite dans l'ambiance, j'enfile immédiatement mes vêtements de chantier recouverts d'une délicate pellicule d'argile maronnasse, mais préhistorique. Oui, parce qu'être glamour en chantier, c'est pas donné à tout le monde. Et surtout pas à moi (Quoi? J'ai qu'à arrêter de nettoyer mes pinceaux sales directement sur mon pantalon?!)
Il s'agit ensuite de se substanter (ou sustanter? Maître Capello?). Tandis que je réponds d'un signe de tête + sourire (admirez ma sociabilité), aux bonjours enjoués des quelques fouilleurs fous qui sont certainement plus du matin que moi, je fais chauffer mon bol d'eau au micro-ondes pour infuser un pseudo-sachet-de-thé-que-je-suis-pas-sûre-que-ça-en-soit-du-vrai.
9h: Arrivée à la grotte. Grand Chef nous attend. On entre sur le site. Alors, là, attention petite difficulté. Pour résumer la situation, une grotte, c'est sombre. Ah, et puis c'est humide aussi. Bref, en ce qui me concerne, le défi consiste à arriver jusqu'à mon p'tit carré préféré sans m'être délicatement (oui, j'essaie de garder la classe en toutes occasions) vautrée dans l'argile humide après avoir au passage décapité quelques stalagmites, et écrasé 2-3 ossements moyennâgeux (ouais, du médiéval, pas bien grave, quoi).
Arrivée à bon port, on s'équipe: mètres pliants, mètres rubans, pinceaux de plusieurs tailles, pelles-badoit-au-goulot-décapité-oui-mais-en-biseau (le préhistorien est écolo, il recycle), fil à plomb, crayons, clous. Et là, vous vous dites: "Mais! Il manque quelque chose!". Ah oui, il manque bien quelque chose. Je tiens d'abord à présenter mes plus plates excuses, car, dans quelques lignes et en quelques mots, je vais briser une légende. Un mythe. Attention, ce qui va suivre peut heurter la sensibilité des plus jeunes. Non. Je vous l'assure. Je vous le certifie. L'archéologue... ne fouille pas avec une brosse à dents. Oui, je sais, ça fout un coup quand même.
C'est dans ces moments là que je me dis que j'ai bien fait de faire un blog. Je suis certaine que mes révélations finiront pas changer la face du monde.
Bref, pas de brosse à dents, mais une truelle. Sauf, que notre Grand Chef, il aime pas la truelle. Ca fait des traces sur les silex, sur les nonos, et ça c'est pas bien. Alors, à la place, Grand Chef a mis au point une petite merveille de technologie, un bijou de modernité, la plus belle création de toute la création : the gratounette. Malheureusement, à mon grand désarroi, je n'ai pas de photos de la bête (d'ailleurs, si jamais, par un hasard extratodinaire, un des fouilleurs fous avaient eu la bonne idée d'immortaliser l'engin, qu'il n'hésite pas à me le faire savoir...). Bien sûr, comme Grand Chef n'a pas encore déposé le brevet, je garderai la fabrication de the gratounette secrète. Sachez toutefois qu'elle ressemble étrangement à un bâtonnet appointé en PVC.
Après avoir testé différentes positions (plat ventre, quatre pattes, agenouillé, sur la tête, les pieds en l'air) je finis par choisir non la plus confortable (ça serait trop facile!) mais celle qui me permettra de bouger de quelques cm sans effondrer les coupes stratigraphiques.
Bon, finalement, je fais semblant de, hum, je bosse, je gratouille. Sur un sédiment fashion à motif zèbre, la classe, la vrai.
Puis, en fin de journée, viennent les mots magiques de Grand Chef : "On range!"
Et là, par un phénomène étrange que je ne m'explique toujours pas, le rangement va beaucoup plus vite que la mise en place...
Bref, vous croyez que la journée est finie? Que nenni! (c'est pas top comme expression, ça?). Il faut laver (avec ... une brosse à dents!de préférence avec une qui ne vous appartient pas) et marquer le matériel prélevé dans la journée. Mais le meilleur, c'est quand même le tri des refus de tamis (objets qui restent dans le panier du tamis). Je vous passe le supplice chinois, mais sachez que, puisqu'il s'agit d'un refus de tamis, les objets sont au moins infèrieurs à 4 cm, et se mesurent le plus souvent en millimètres.
Début de soirée: Enfin, quelques heures plus tard, sous le ciel étoilé d'un p'tit coin de pays Basque, des Fouilleurs fous refont le monde et la Préhistoire sur des airs de violon...
A suivre (oui, encore!)